Traduction et adaptation de cet article, écrit par Annete Høst
Peut-être avez-vous, comme moi, senti le besoin criant de laisser votre pratique chamaniste ou spirituelle s’inspirer de vos racines ancestrales et de ses traditions. Pendant de longues années, je fus enchantée par les légendes concernant la technique chamaniste nordique, appelée seið. Cette technique était majoritairement pratiquée par des femmes, nommées völvas, qui se servaient de chants extatiques afin de permettre à leur âme de voyager. Alors que j’explorais le seið et que je l’intégrais dans ma pratique et mes enseignements chamanistes, j’ai découvert que le seið avait tant à révéler. Par le biais de cet article, nous découvrirons ce qu’est le seið, vu par une praticienne chamaniste et nous verrons également ce que la pratique du seið peut offrir et nous enseigner, ici et maintenant. Le plus grand des cadeaux est le trésor des chants extatiques et de la magie de la parole.
Seið : les sources écrites
Les plus anciennes sources écrites au sujet du seið se trouvent dans les Eddas et les sagas, et, plus souvent qu’autrement, il n’est pas très clair si les descriptions concernent un mythe, un fait, ou les deux. Des éléments clés de la pratique du seið ne sont jamais mentionnés et les descriptions sont généralement biaisées. J’introduirai brièvement les bases du seið qui sont nécessaires pour une compréhension sommaire (1).
Dans sa période de croissance, il y a environ mille ans, la tradition chamaniste nordique du seið était pratiquée le plus souvent par des femmes, que l’on nommait völvas, épouses-seið, épouses-spá ou sages-femmes.
La völva est souvent décrite comme étant une femme dont les années fertiles sont derrière elle et contrairement aux autres femmes, elle n’a ni clan, ni descendance. Le seið puise ses sources dans les cultes de fertilité organisés en l’honneur de la déesse Freyja et l’aspect cérémoniel d’une séance de seið est unique. La völva, équipée de son bâton, accomplit son travail chamanique en prenant place sur un haut siège (ou un siège installé sur une plateforme), nommé seidhiallr. Le bâton est important, mais il n’est jamais spécifié pourquoi. La völva est entourée de gens en cercle, qui chantent les chants de seið, les chants qui appellent les esprits, les chants magiques, mais aucun de ces chants n’a été écrit. Ce sont ces chants extatiques qui altèrent la conscience de la völva, la transportent dans son voyage. Lorsque le chant prend fin et que la völva se trouve toujours entre les mondes, elle se trouve dans un état lui permettant de prophétiser et de répondre aux questions des gens l’entourant, au sujet de leur avenir et de leur destin, interrogeant les esprits des autres mondes afin de recevoir des réponses.
Le seið était surtout utilisé pour des fins divinatoires, mais dans certains récits, la relation intimiste entre la völva et la déesse Freyja et ses pouvoirs fertiles nous fait entrevoir un autre type d’utilisation : l’histoire de Thorbiorg Lllvolva nous raconte que cette dernière fut appelée à accomplir une séance de seið pour un clan victime de famine et de la sécheresse de la terre. Dans la saga intitulée Landn mabøk, une autre völva hérite du titre « Celle qui remplit le détroit », puisque par sa magie, elle fait en sorte que les harengs reviennent peupler le fjord qu’ils avaient déserté. Le seið est donc clairement utilisé pour assurer la fertilité et pour restaurer l’équilibre entre la nature et les gens.
Dans certains récits, le seið est utilisé comme une magie néfaste, pour rendre quelqu’un malade ou malchanceux. Il faut se souvenir que la littérature est biaisée, ayant été écrite par des érudits chrétiens qui souvent, s’opposaient aux pratiques païennes. Évidemment, les praticiens du seið ont dû faire face au choix éthique et fondamental d’utiliser ou d’abuser de leur pouvoir de chamans, comme tous les chamans de ce monde. Ce que l’on peut lire entre les liens est que : si l’on peut blesser autrui, on peut également guérir autrui. En résumé, le seið peut être utilisé pour accumuler et envoyer de la puissance. (2)
Construire une pratique à partir d’une vieille tradition
Il y a une limite de ce que l’on peut apprendre des livres. Le seið est un puzzle auquel plusieurs morceaux manquent. Toutefois, je demeure déterminée à creuser mon héritage et à apprendre des völvas. Ainsi, j’ai tenté de franchir la barrière du temps, des histoires tordues, des connaissances dissimulées et perdues.
Cela est possible! Lorsqu’on possède déjà une expérience chamaniste personnelle, on peut emprunter les anciens chemins et voir où ils nous mènent. Et plus important encore, on peut se rendre à ces mêmes sources qui ont guidé et abreuvé nos ancêtres : sur leur territoire, les esprits enseignent leur pouvoir et leur sagesse.
Alors j’ai emprunté la voie des völva et j’ai expérimenté avec le seið, depuis quelques années maintenant, et je l’ai enseigné. Des morceaux de puzzle se sont scindés ensemble et le seið se complète de plus en plus, par des gabarits de pratiques qui émergent de nos expériences. (3)
Ce présent article est le premier que je publie au sujet de mon expérimentation avec le seið et je souhaite me concentrer sur l’utilisation magique du chant. Le seið m’a surtout appris que le chant possède la capacité d’ouvrir des portes et transporte un pouvoir qui dépasse mes plus folles attentes.
Le chant
Le chant du seið présenté dans la littérature est immanquablement un chant chamanique et m’a enseigné beaucoup au sujet du chant magique en général. Le chant est une tradition chamanique qui fut pratiquée partout dans le monde et les chants chamaniques se présentent souvent d’eux-mêmes à celui qui veut les apprendre.
Il est dit que le chant du seið était un chant extatique. Pour moi, l’extase est un état d’esprit qui survient lorsque nous laissons tomber notre ego, notre besoin de contrôler et nos conventions et qui permet ainsi au pouvoir de l’univers de couler à travers nous sans obstacles.
Et ceci est la première caractéristique du chant chamanique : ce chant est issu non pas de nous, mais d’une source plus grande que nous et le pouvoir de cette source coule en nous sous la forme d’un chant. En d’autres mots, le chant est chanté lorsqu’on se trouve dans un état altéré de conscience, ou en transe. Et lorsque nous chantons dans cet état, nous avons la possibilité d’expérimenter une foule de changements extraordinaires : le timbre de notre voix, notre respiration et notre endurance se transforment. Le chant nous chante.
La seconde caractéristique du chant chamanique est que ce chant possède un but spécifique. Nous chantons afin d’ouvrir les portes de l’autre monde. Nous chantons pour appeler nos esprits-guides et pour renforcir les liens invisibles qui nous unissent à eux. Nous chantons pour honorer un arbre et son pouvoir. Nous chantons auprès d’un monticule funéraire afin de discourir avec nos ancêtres. Nous chantons pour chasser la douleur et la maladie. Nous chantons pour remercier la nature de nous offrir ses cadeaux.
La troisième caractéristique du chant chamanique est que ce chant n’est ni composé, ni construit d’avance. Le chant chamanique est trouvé, entendu, reçu, lorsque l’inspiration nous envahit. Il vient de lui-même et se dévoile à nous. Et lorsque nous en sommes pleins, il jaillit hors de nous. Le chant nous rend visite. Parfois, il demeure avec nous pour un long moment et à d’autre moment, il nous quitte rapidement. Il contient parfois des mots et d’autres fois, il ne contient que des sons. (4)
Un des vers du poème finnois le « Kalevala » exprime avec beauté la source du pouvoir du chant magique :
Peut-être avez-vous, comme moi, senti le besoin criant de laisser votre pratique chamaniste ou spirituelle s’inspirer de vos racines ancestrales et de ses traditions. Pendant de longues années, je fus enchantée par les légendes concernant la technique chamaniste nordique, appelée seið. Cette technique était majoritairement pratiquée par des femmes, nommées völvas, qui se servaient de chants extatiques afin de permettre à leur âme de voyager. Alors que j’explorais le seið et que je l’intégrais dans ma pratique et mes enseignements chamanistes, j’ai découvert que le seið avait tant à révéler. Par le biais de cet article, nous découvrirons ce qu’est le seið, vu par une praticienne chamaniste et nous verrons également ce que la pratique du seið peut offrir et nous enseigner, ici et maintenant. Le plus grand des cadeaux est le trésor des chants extatiques et de la magie de la parole.
Seið : les sources écrites
Les plus anciennes sources écrites au sujet du seið se trouvent dans les Eddas et les sagas, et, plus souvent qu’autrement, il n’est pas très clair si les descriptions concernent un mythe, un fait, ou les deux. Des éléments clés de la pratique du seið ne sont jamais mentionnés et les descriptions sont généralement biaisées. J’introduirai brièvement les bases du seið qui sont nécessaires pour une compréhension sommaire (1).
Dans sa période de croissance, il y a environ mille ans, la tradition chamaniste nordique du seið était pratiquée le plus souvent par des femmes, que l’on nommait völvas, épouses-seið, épouses-spá ou sages-femmes.
La völva est souvent décrite comme étant une femme dont les années fertiles sont derrière elle et contrairement aux autres femmes, elle n’a ni clan, ni descendance. Le seið puise ses sources dans les cultes de fertilité organisés en l’honneur de la déesse Freyja et l’aspect cérémoniel d’une séance de seið est unique. La völva, équipée de son bâton, accomplit son travail chamanique en prenant place sur un haut siège (ou un siège installé sur une plateforme), nommé seidhiallr. Le bâton est important, mais il n’est jamais spécifié pourquoi. La völva est entourée de gens en cercle, qui chantent les chants de seið, les chants qui appellent les esprits, les chants magiques, mais aucun de ces chants n’a été écrit. Ce sont ces chants extatiques qui altèrent la conscience de la völva, la transportent dans son voyage. Lorsque le chant prend fin et que la völva se trouve toujours entre les mondes, elle se trouve dans un état lui permettant de prophétiser et de répondre aux questions des gens l’entourant, au sujet de leur avenir et de leur destin, interrogeant les esprits des autres mondes afin de recevoir des réponses.
Le seið était surtout utilisé pour des fins divinatoires, mais dans certains récits, la relation intimiste entre la völva et la déesse Freyja et ses pouvoirs fertiles nous fait entrevoir un autre type d’utilisation : l’histoire de Thorbiorg Lllvolva nous raconte que cette dernière fut appelée à accomplir une séance de seið pour un clan victime de famine et de la sécheresse de la terre. Dans la saga intitulée Landn mabøk, une autre völva hérite du titre « Celle qui remplit le détroit », puisque par sa magie, elle fait en sorte que les harengs reviennent peupler le fjord qu’ils avaient déserté. Le seið est donc clairement utilisé pour assurer la fertilité et pour restaurer l’équilibre entre la nature et les gens.
Dans certains récits, le seið est utilisé comme une magie néfaste, pour rendre quelqu’un malade ou malchanceux. Il faut se souvenir que la littérature est biaisée, ayant été écrite par des érudits chrétiens qui souvent, s’opposaient aux pratiques païennes. Évidemment, les praticiens du seið ont dû faire face au choix éthique et fondamental d’utiliser ou d’abuser de leur pouvoir de chamans, comme tous les chamans de ce monde. Ce que l’on peut lire entre les liens est que : si l’on peut blesser autrui, on peut également guérir autrui. En résumé, le seið peut être utilisé pour accumuler et envoyer de la puissance. (2)
Construire une pratique à partir d’une vieille tradition
Il y a une limite de ce que l’on peut apprendre des livres. Le seið est un puzzle auquel plusieurs morceaux manquent. Toutefois, je demeure déterminée à creuser mon héritage et à apprendre des völvas. Ainsi, j’ai tenté de franchir la barrière du temps, des histoires tordues, des connaissances dissimulées et perdues.
Cela est possible! Lorsqu’on possède déjà une expérience chamaniste personnelle, on peut emprunter les anciens chemins et voir où ils nous mènent. Et plus important encore, on peut se rendre à ces mêmes sources qui ont guidé et abreuvé nos ancêtres : sur leur territoire, les esprits enseignent leur pouvoir et leur sagesse.
Alors j’ai emprunté la voie des völva et j’ai expérimenté avec le seið, depuis quelques années maintenant, et je l’ai enseigné. Des morceaux de puzzle se sont scindés ensemble et le seið se complète de plus en plus, par des gabarits de pratiques qui émergent de nos expériences. (3)
Ce présent article est le premier que je publie au sujet de mon expérimentation avec le seið et je souhaite me concentrer sur l’utilisation magique du chant. Le seið m’a surtout appris que le chant possède la capacité d’ouvrir des portes et transporte un pouvoir qui dépasse mes plus folles attentes.
Le chant
Le chant du seið présenté dans la littérature est immanquablement un chant chamanique et m’a enseigné beaucoup au sujet du chant magique en général. Le chant est une tradition chamanique qui fut pratiquée partout dans le monde et les chants chamaniques se présentent souvent d’eux-mêmes à celui qui veut les apprendre.
Il est dit que le chant du seið était un chant extatique. Pour moi, l’extase est un état d’esprit qui survient lorsque nous laissons tomber notre ego, notre besoin de contrôler et nos conventions et qui permet ainsi au pouvoir de l’univers de couler à travers nous sans obstacles.
Et ceci est la première caractéristique du chant chamanique : ce chant est issu non pas de nous, mais d’une source plus grande que nous et le pouvoir de cette source coule en nous sous la forme d’un chant. En d’autres mots, le chant est chanté lorsqu’on se trouve dans un état altéré de conscience, ou en transe. Et lorsque nous chantons dans cet état, nous avons la possibilité d’expérimenter une foule de changements extraordinaires : le timbre de notre voix, notre respiration et notre endurance se transforment. Le chant nous chante.
La seconde caractéristique du chant chamanique est que ce chant possède un but spécifique. Nous chantons afin d’ouvrir les portes de l’autre monde. Nous chantons pour appeler nos esprits-guides et pour renforcir les liens invisibles qui nous unissent à eux. Nous chantons pour honorer un arbre et son pouvoir. Nous chantons auprès d’un monticule funéraire afin de discourir avec nos ancêtres. Nous chantons pour chasser la douleur et la maladie. Nous chantons pour remercier la nature de nous offrir ses cadeaux.
La troisième caractéristique du chant chamanique est que ce chant n’est ni composé, ni construit d’avance. Le chant chamanique est trouvé, entendu, reçu, lorsque l’inspiration nous envahit. Il vient de lui-même et se dévoile à nous. Et lorsque nous en sommes pleins, il jaillit hors de nous. Le chant nous rend visite. Parfois, il demeure avec nous pour un long moment et à d’autre moment, il nous quitte rapidement. Il contient parfois des mots et d’autres fois, il ne contient que des sons. (4)
Un des vers du poème finnois le « Kalevala » exprime avec beauté la source du pouvoir du chant magique :
Le Froid m'a offert des versets
La Pluie m'a souvent envoyé des chansons,
D'autres ballades, le Vent m'a apportées
Les Vagues les ont transportées jusqu'à la rive,
Les Oiseaux façonnent les mots en des intonations
Des Arbres couronnés, des paroles se font entendre.
L’art du galdr
Le chant est central au seið, mais le chant magique possède sa propre tradition indépendante nommée galdr. Dans certaines sources, le seið est même appelé galdr. L’art du galdr est l’art des sorts chantés et des incantations, utilisés de plusieurs manières, toutes plus efficaces les unes que les autres. Un galdr est dirigé vers un but ou vers quelqu’un et peut posséder tous les caractéristiques et propriétés qu’ont en général les chants chamaniques. Certains galdrar naissent selon l’inspiration et les besoins d’un moment et d’autres sont transmis depuis des siècles.
L’Edda en prose nous raconte que le dieu Thor reçoit une pierre en plein visage et qu’elle demeure prise dans son front. Le dieu rend visite à völva Groa et lui demande son aide et elle chante un galdr. Lorsque Thor sentit que la pierre commençait à se libérer, il tient à remercier la völva pour sa guérison et lui assure que son époux, disparu depuis longtemps, lui reviendra. Cette nouvelle rendit Groa si heureuse qu’elle ne put chanter à nouveau et la pierre prise dans le front de Thor cessa de se libérer. Ce mythe est exemple parfait de l’utilisation du galdr comme technique de guérison pour extraire un corps étranger ou encore pour chanter une maladie hors du corps. Ce mythe illustre également que l’utilisation du galdr est possible uniquement alors que l’on se trouve dans un certain état esprit conscient.
Dans « La complainte d’Oddun », le galdr est utilisé par une sage-femme. La mère ne peut mettre au monde son enfant tant qu’Oddrun, la sage-femme ne chante pas un puissant et cuisant galdr.
Pour entendre un galdr, écoutez les vents hurlants d’une tempête ou les trilles enchantées du rossignol. Et c’est à ce moment que vous prenez conscience de tout le pouvoir du galdr et que vous savez où trouvez ceux qui vous enseigneront son art.
Ce que nous chantons aujourd’hui
Aucun chant chamanique ou galdr (5) n’a survécu jusqu’à aujourd’hui, mais assez d’informations nous sont parvenues pour que l’on sache quel genre de chant est recherché pour cette pratique. Et notre nouvelle pratique du chant chamanique demeure assez similaire à l’ancienne. La völva s’installe sur un « dôme » créé par le chant, qui la transporte vers d’autres mondes.
Cependant, j’ai découvert qu’un bon chant chamanique n’a pas comme seule mission et seul but de transporter une völva, il doit également transformer ceux qui le chantent. Le chant chamanique apporte la guérison et une nouvelle voix, particulièrement pour ceux qui gardent un terrible souvenir d’enfance de s’être fait trop souvent dire d’arrêter de chanter. Laissez le pouvoir du chant chamanique couler en vous et à travers vous. J’ai entendu de la bouche des gens qui disent ne pas savoir chanter, les chants plus divins, des sons imitant à perfection le chant des oiseaux ou le grognement de féroces mammifères.
Certaines personnes sensibles à la force d’un pouvoir quelconque peuvent craindre l’effet physique que peut avoir un chant chamanique lorsqu’il débute. Mais, j’ai vu, à plusieurs reprises, que même les plus puissants chants chamaniques ne peuvent être « dangereux » que lorsqu’ils sont chantés sans intention ou direction. Dès qu’un chant est chanté avec intention et concentration, toute désorientation disparaît et le chant devient énergisant et enracinant. Je m’élève lorsque je chante, mais c’est l’odeur de la terre qui se déverse de ma bouche.
L’art du seið
Afin de laisser le seið révéler ses secrets et ses pouvoirs inhérents et pour éviter de prévoir d’avance une expérience et surtout un résultat, nous avons examiné son origine. Cependant, deux conditions majeures sont indispensables à la pratique de l’art du seið :
1. nous devons utiliser les bases mentionnées dans la littérature, c'est-à-dire : le chant, le haut siège, le bâton et le cercle de chanteurs. Cette forme unique et cérémonielle d’une séance de seið influence grandement la qualité et la circulation du pouvoir. En effet, cette technique semble faciliter l’incarnation des esprits-guides;
2. puisque le seið est clairement une pratique chamanique, nous insistons sur le fait qu’il doit être pratique dans un contexte chamanique. La völva et les chanteurs ont chacun une mission qui leur est propre.
Le chant
La völva doit pouvoir faire confiance aux chanteurs de lui fournir un chant efficace qui pourra la transporter dans un état de conscience chamanique et lui permettre ainsi de prendre contact avec les esprits-guides. De nos jours, lorsque nous entamons un rituel seið, la völva n’est plus celle des vieilles légendes, mais bien une femme appartenant à notre réalité moderne. Les völvas modernes prennent place sur le haut siège et se transforment littéralement devant nos yeux : elles se tiennent aussi droites qu’une montagne et nous montrent le visage d’une Norne, déesse de la destiné. Cet effet visuel est souvent le résultat même de l’expérience que vit la völva. Alors que le chant gagne en intensité, la völva fusionne avec la source à laquelle elle s’abreuve pour répondre aux requêtes, la völva devient son propre esprit-guide. Lorsque le chant s’éteint, elle nous parle d’une voix lointaine, ou avec la voix d’une vieille sorcière insolente (6).
Le bâton
Le bâton fait partie intégrante du noyau du seið, tel qu’attesté par l’un des titres donnés à la völva : « celle qui tient le bâton ». Mais on ne nous dit jamais à quoi sert spécifiquement ce bâton magique. Dans l’histoire de Thorbiorg Lllvolva, on apprend que son bâton est décoré de pierres et métaux. Mais qu’en est-il de l’intérieur du bâton? À quoi sert-il?
Les gens que je connais qui ont se choisis ou fabriqués un bâton, l’ont fait avec des connaissances modestes et ont surtout suivi lui intuition et les instructions suggérées par leurs esprits-guides. Il est particulier de noter que les bâtons ont à peu près tous la même longueur.
Ces gens, équipés de leur bâton, empruntent les chemins qui les mènent vers un magnifique voyage. Que nous racontent-ils à leur retour? Que leur bâton leur a servit d’antenne, de paratonnerre, qu’il est devenu chaud dans leur main, qu’il a prit vie, s’est mis à vibrer, qu’il bougeait comme un serpent, qu’il les aidait à demeurer concentrer et à garder la bonne direction, et qu’il les enracinait (NDLT 5). C’est l’arbre de vie, liant le monde inférieur au monde supérieur, permettant au pouvoir de circuler librement (7).
Les origines spirituelles du seið
Freyr et Freyja, divinités de la fertilité, sont membres d’un clan de déités et d’esprits que l’on nomme les Vanir. Le culte des Vanir, centré principale autour de la terre, était un culte paisible et fertile et incluait la sexualité sacrée et la magie. Ce culte se rapproche bien plus de l’animisme et de la non-dualité (8) que le culte des Aesir, autre clan divin auquel appartiennent Odin, Thor et Balder. Aux dieux et déesses de la fertilité du clan des Vanir, on associe immanquablement la vaste et omniprésente population d’esprit de la nature, les pouvoirs de l’abondance et les forces élémentales.
Nos ancêtres étaient constamment conscients de la présence de ces êtres et forces, puisqu’ils leur parlaient tous les jours pour leur demander leur aide et assistance, afin de s’assurer que la terre, les esprits et les hommes prospéreraient. (9)
Ce lien avec les esprits est la fondation spirituelle du seið et il est évident que la völva développe et entretien une relation intime avec la nature et ses esprits : c’est la source de son pouvoir. Ainsi, la völva symbolise la vision du monde qu’avait cette ancienne croyance, centrée sur la fertilité et la terre, et cela se voit dans sa pratique du seið.
Les sagas peignent souvent un conflit existant entre une völva âgée et un jeune homme, qui représente la nouvelle et militante culture viking. Les sources écrites attestent que les hommes de l’âge viking, avant même l’arrivée du christianisme, rencontraient de plus en plus de difficultés avec le système de valeurs personnifié par les völva. Parce que les femmes étaient les gardiennes du culte ancestral et cela leur donnait plus de pouvoir et de liberté, et cela enrageait et provoquait la nouvelle génération de guerrier.
Il est parfois tentant d’interpréter ce conflit comme une opposition « homme » contre « femme », mais cette interprétation est diminutive. Le choix de demeurer en harmonie avec la nature ou plutôt de la conquérir et la dominer est au cœur de ce conflit. C’était un choix vital à cette époque et c’est toujours un choix vital de nos jours, et cela transparaît dans notre pratique chamanique.
Le seið aujourd’hui?
Lorsqu’un praticien moderne du chamanisme ou d’une spiritualité centrée autour du culte de la terre approche le seið, il se pose ces questions :
La clé à toutes ces questions est de se laisser inspirer par le contenu du seið, plutôt que de tenter d’imiter les détails cérémoniels.
Ce questionnement est lié intimement à un second : devons-nous avoir une grande connaissance du seið afin de prendre part à un rituel, de manière sécuritaire et respectueuse?
Plusieurs éléments importants au sujet du seið ne sont pas abordés dans le présent article. Je suis d’avis qu’il est préférable de lire un nombre de références sur le seið, d’être familier avec ses origines spirituelles et d’avoir une base d’expérience solide en pratique chamanique, avant de sauter à pied joints dans les eaux profondes de la pratique du seið. Mais l’essentiel de la tradition du seið est un héritage accessible à tous, tant que nous nous sentions inspirés par sa forme.
Le cœur du seið nous apprend que le chant chamanique est doté d’un potentiel de guérison extraordinaire, qui peut être utilisé de manière quotidienne dans notre pratique spirituelle. Par exemple, on peut utiliser le chant pour effectuer un voyage chamanique (pour soi ou quelqu’un d’autre) ou on rassembler un groupe de personnes et les baigner dans un chant guérisseur.
La tradition du seið nous enseigne aussi, comme le font d’autres traditions chamaniques ancestrales d’ailleurs dans le monde, l’importance de vivre en harmonie avec la nature et les esprits qui y résident – la source du pouvoir.
En conclusion, l’histoire de la völva met en évidence la tradition chamanique féminine, apportant encore plus de profondeur à nos connaissances de la pratique chamanique du Nord de l’Europe. Lire et écouter son histoire et s’en inspirer nous aide à construire notre identité chamanique native et nous aide à renforcer notre sentiment d’appartenance à une tradition spirituelle.
Nous nous tenons encore plus droit, les deux pieds plantés fermement dans le sol, le chant coulant en nous, s’exprimant par une voix que nous n’avions pas jusqu’à maintenant. Le chant nous transforme, nous touche, nous guérit et change le monde autour de nous – comme il l’a toujours fait.
Notes :
1. Voir aussi la description détaillée de Brian Bates, parue dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop, [NDLT : et dont la traduction est publiée sur Neuf Jours & Neuf Nuits].
2. Littérature universitaire au sujet du seið et ses origines :
3. Je connais deux autres groupes qui expérimentent avec le seið depuis quelques années et dont l’angle de pratique diffère un peu du mien : le réseau chamanique « Yggdrasil » de Suède, à qui je dois ma première introduction sur le seið [NDLT : ce réseau n'existe plus mais un second a été créé : Ratatosk], et le groupe Hrafnar, avec Diana L. Paxson, qui est localisé en Californie. Ces deux groupes ont tous deux publiés des articles au sujet de leur pratique et expérience.
4. Voir aussi l’article « Sacred Plant Song » de Stephen H. Buhner publié dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop.
5. Toutefois, un nombre d’exemplaires de galdrar et de sorts ont été écrits, attestant l’utilisation populaire du pouvoir du verbe, qui a survécu au sein de la tradition magique du nord de l’Europe, bien après que la tradition sacrée des chants ait dégénérée.
6. Les dires prophétiques de la völva sont-ils véridiques ou non? C’est une question qui nécessite plus de temps que ce simple article pour y répondre avec justesse. Cependant, on peut y voir de nombreux liens avec la tradition divinatoire celte. Voir les éditions n° 15 et n° 16 de Sacred Hoop (auteur Matthews) et H.R. Ellis-Davidson dans Myths and symbols in Pagan Europe.
7. Voir aussi l’article « The World Tree » de Karen Kelly publié dans l’édition n° 12 du magazine Sacred Hoop.
8. Voir aussi l’article au sujet de l’animisme de Jonathan Horwitz publié dans l’édition n° 9 du magazine Sacred Hoop.
9. Ainsi, il y a plusieurs noms spécifiques pour les esprits de la nature, autant sur ma terre que la vôtre. Voir l’article « Lore of the Gentry » publié dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop.
Le chant est central au seið, mais le chant magique possède sa propre tradition indépendante nommée galdr. Dans certaines sources, le seið est même appelé galdr. L’art du galdr est l’art des sorts chantés et des incantations, utilisés de plusieurs manières, toutes plus efficaces les unes que les autres. Un galdr est dirigé vers un but ou vers quelqu’un et peut posséder tous les caractéristiques et propriétés qu’ont en général les chants chamaniques. Certains galdrar naissent selon l’inspiration et les besoins d’un moment et d’autres sont transmis depuis des siècles.
L’Edda en prose nous raconte que le dieu Thor reçoit une pierre en plein visage et qu’elle demeure prise dans son front. Le dieu rend visite à völva Groa et lui demande son aide et elle chante un galdr. Lorsque Thor sentit que la pierre commençait à se libérer, il tient à remercier la völva pour sa guérison et lui assure que son époux, disparu depuis longtemps, lui reviendra. Cette nouvelle rendit Groa si heureuse qu’elle ne put chanter à nouveau et la pierre prise dans le front de Thor cessa de se libérer. Ce mythe est exemple parfait de l’utilisation du galdr comme technique de guérison pour extraire un corps étranger ou encore pour chanter une maladie hors du corps. Ce mythe illustre également que l’utilisation du galdr est possible uniquement alors que l’on se trouve dans un certain état esprit conscient.
Dans « La complainte d’Oddun », le galdr est utilisé par une sage-femme. La mère ne peut mettre au monde son enfant tant qu’Oddrun, la sage-femme ne chante pas un puissant et cuisant galdr.
Pour entendre un galdr, écoutez les vents hurlants d’une tempête ou les trilles enchantées du rossignol. Et c’est à ce moment que vous prenez conscience de tout le pouvoir du galdr et que vous savez où trouvez ceux qui vous enseigneront son art.
Ce que nous chantons aujourd’hui
Aucun chant chamanique ou galdr (5) n’a survécu jusqu’à aujourd’hui, mais assez d’informations nous sont parvenues pour que l’on sache quel genre de chant est recherché pour cette pratique. Et notre nouvelle pratique du chant chamanique demeure assez similaire à l’ancienne. La völva s’installe sur un « dôme » créé par le chant, qui la transporte vers d’autres mondes.
Cependant, j’ai découvert qu’un bon chant chamanique n’a pas comme seule mission et seul but de transporter une völva, il doit également transformer ceux qui le chantent. Le chant chamanique apporte la guérison et une nouvelle voix, particulièrement pour ceux qui gardent un terrible souvenir d’enfance de s’être fait trop souvent dire d’arrêter de chanter. Laissez le pouvoir du chant chamanique couler en vous et à travers vous. J’ai entendu de la bouche des gens qui disent ne pas savoir chanter, les chants plus divins, des sons imitant à perfection le chant des oiseaux ou le grognement de féroces mammifères.
Certaines personnes sensibles à la force d’un pouvoir quelconque peuvent craindre l’effet physique que peut avoir un chant chamanique lorsqu’il débute. Mais, j’ai vu, à plusieurs reprises, que même les plus puissants chants chamaniques ne peuvent être « dangereux » que lorsqu’ils sont chantés sans intention ou direction. Dès qu’un chant est chanté avec intention et concentration, toute désorientation disparaît et le chant devient énergisant et enracinant. Je m’élève lorsque je chante, mais c’est l’odeur de la terre qui se déverse de ma bouche.
L’art du seið
Afin de laisser le seið révéler ses secrets et ses pouvoirs inhérents et pour éviter de prévoir d’avance une expérience et surtout un résultat, nous avons examiné son origine. Cependant, deux conditions majeures sont indispensables à la pratique de l’art du seið :
1. nous devons utiliser les bases mentionnées dans la littérature, c'est-à-dire : le chant, le haut siège, le bâton et le cercle de chanteurs. Cette forme unique et cérémonielle d’une séance de seið influence grandement la qualité et la circulation du pouvoir. En effet, cette technique semble faciliter l’incarnation des esprits-guides;
2. puisque le seið est clairement une pratique chamanique, nous insistons sur le fait qu’il doit être pratique dans un contexte chamanique. La völva et les chanteurs ont chacun une mission qui leur est propre.
Le chant
La völva doit pouvoir faire confiance aux chanteurs de lui fournir un chant efficace qui pourra la transporter dans un état de conscience chamanique et lui permettre ainsi de prendre contact avec les esprits-guides. De nos jours, lorsque nous entamons un rituel seið, la völva n’est plus celle des vieilles légendes, mais bien une femme appartenant à notre réalité moderne. Les völvas modernes prennent place sur le haut siège et se transforment littéralement devant nos yeux : elles se tiennent aussi droites qu’une montagne et nous montrent le visage d’une Norne, déesse de la destiné. Cet effet visuel est souvent le résultat même de l’expérience que vit la völva. Alors que le chant gagne en intensité, la völva fusionne avec la source à laquelle elle s’abreuve pour répondre aux requêtes, la völva devient son propre esprit-guide. Lorsque le chant s’éteint, elle nous parle d’une voix lointaine, ou avec la voix d’une vieille sorcière insolente (6).
Le bâton
Le bâton fait partie intégrante du noyau du seið, tel qu’attesté par l’un des titres donnés à la völva : « celle qui tient le bâton ». Mais on ne nous dit jamais à quoi sert spécifiquement ce bâton magique. Dans l’histoire de Thorbiorg Lllvolva, on apprend que son bâton est décoré de pierres et métaux. Mais qu’en est-il de l’intérieur du bâton? À quoi sert-il?
Les gens que je connais qui ont se choisis ou fabriqués un bâton, l’ont fait avec des connaissances modestes et ont surtout suivi lui intuition et les instructions suggérées par leurs esprits-guides. Il est particulier de noter que les bâtons ont à peu près tous la même longueur.
Ces gens, équipés de leur bâton, empruntent les chemins qui les mènent vers un magnifique voyage. Que nous racontent-ils à leur retour? Que leur bâton leur a servit d’antenne, de paratonnerre, qu’il est devenu chaud dans leur main, qu’il a prit vie, s’est mis à vibrer, qu’il bougeait comme un serpent, qu’il les aidait à demeurer concentrer et à garder la bonne direction, et qu’il les enracinait (NDLT 5). C’est l’arbre de vie, liant le monde inférieur au monde supérieur, permettant au pouvoir de circuler librement (7).
Les origines spirituelles du seið
Freyr et Freyja, divinités de la fertilité, sont membres d’un clan de déités et d’esprits que l’on nomme les Vanir. Le culte des Vanir, centré principale autour de la terre, était un culte paisible et fertile et incluait la sexualité sacrée et la magie. Ce culte se rapproche bien plus de l’animisme et de la non-dualité (8) que le culte des Aesir, autre clan divin auquel appartiennent Odin, Thor et Balder. Aux dieux et déesses de la fertilité du clan des Vanir, on associe immanquablement la vaste et omniprésente population d’esprit de la nature, les pouvoirs de l’abondance et les forces élémentales.
Nos ancêtres étaient constamment conscients de la présence de ces êtres et forces, puisqu’ils leur parlaient tous les jours pour leur demander leur aide et assistance, afin de s’assurer que la terre, les esprits et les hommes prospéreraient. (9)
Ce lien avec les esprits est la fondation spirituelle du seið et il est évident que la völva développe et entretien une relation intime avec la nature et ses esprits : c’est la source de son pouvoir. Ainsi, la völva symbolise la vision du monde qu’avait cette ancienne croyance, centrée sur la fertilité et la terre, et cela se voit dans sa pratique du seið.
Les sagas peignent souvent un conflit existant entre une völva âgée et un jeune homme, qui représente la nouvelle et militante culture viking. Les sources écrites attestent que les hommes de l’âge viking, avant même l’arrivée du christianisme, rencontraient de plus en plus de difficultés avec le système de valeurs personnifié par les völva. Parce que les femmes étaient les gardiennes du culte ancestral et cela leur donnait plus de pouvoir et de liberté, et cela enrageait et provoquait la nouvelle génération de guerrier.
Il est parfois tentant d’interpréter ce conflit comme une opposition « homme » contre « femme », mais cette interprétation est diminutive. Le choix de demeurer en harmonie avec la nature ou plutôt de la conquérir et la dominer est au cœur de ce conflit. C’était un choix vital à cette époque et c’est toujours un choix vital de nos jours, et cela transparaît dans notre pratique chamanique.
Le seið aujourd’hui?
Lorsqu’un praticien moderne du chamanisme ou d’une spiritualité centrée autour du culte de la terre approche le seið, il se pose ces questions :
- est-ce que le seið antique peut être séparé de l’endroit et l’époque où il est né?;
- comment peut-on intégrer aujourd’hui une pratique authentique du seið, sans la dénaturer?
La clé à toutes ces questions est de se laisser inspirer par le contenu du seið, plutôt que de tenter d’imiter les détails cérémoniels.
Ce questionnement est lié intimement à un second : devons-nous avoir une grande connaissance du seið afin de prendre part à un rituel, de manière sécuritaire et respectueuse?
Plusieurs éléments importants au sujet du seið ne sont pas abordés dans le présent article. Je suis d’avis qu’il est préférable de lire un nombre de références sur le seið, d’être familier avec ses origines spirituelles et d’avoir une base d’expérience solide en pratique chamanique, avant de sauter à pied joints dans les eaux profondes de la pratique du seið. Mais l’essentiel de la tradition du seið est un héritage accessible à tous, tant que nous nous sentions inspirés par sa forme.
Le cœur du seið nous apprend que le chant chamanique est doté d’un potentiel de guérison extraordinaire, qui peut être utilisé de manière quotidienne dans notre pratique spirituelle. Par exemple, on peut utiliser le chant pour effectuer un voyage chamanique (pour soi ou quelqu’un d’autre) ou on rassembler un groupe de personnes et les baigner dans un chant guérisseur.
La tradition du seið nous enseigne aussi, comme le font d’autres traditions chamaniques ancestrales d’ailleurs dans le monde, l’importance de vivre en harmonie avec la nature et les esprits qui y résident – la source du pouvoir.
En conclusion, l’histoire de la völva met en évidence la tradition chamanique féminine, apportant encore plus de profondeur à nos connaissances de la pratique chamanique du Nord de l’Europe. Lire et écouter son histoire et s’en inspirer nous aide à construire notre identité chamanique native et nous aide à renforcer notre sentiment d’appartenance à une tradition spirituelle.
Nous nous tenons encore plus droit, les deux pieds plantés fermement dans le sol, le chant coulant en nous, s’exprimant par une voix que nous n’avions pas jusqu’à maintenant. Le chant nous transforme, nous touche, nous guérit et change le monde autour de nous – comme il l’a toujours fait.
Notes :
1. Voir aussi la description détaillée de Brian Bates, parue dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop, [NDLT : et dont la traduction est publiée sur Neuf Jours & Neuf Nuits].
2. Littérature universitaire au sujet du seið et ses origines :
- H.R. Ellis Davidsson, Myths and Symbols in Pagan Europe
- […], Gods and Myths of Northern Europe
- Mircea Eliade, Shamanism - Archaic Techniques of Ecstasy
3. Je connais deux autres groupes qui expérimentent avec le seið depuis quelques années et dont l’angle de pratique diffère un peu du mien : le réseau chamanique « Yggdrasil » de Suède, à qui je dois ma première introduction sur le seið [NDLT : ce réseau n'existe plus mais un second a été créé : Ratatosk], et le groupe Hrafnar, avec Diana L. Paxson, qui est localisé en Californie. Ces deux groupes ont tous deux publiés des articles au sujet de leur pratique et expérience.
4. Voir aussi l’article « Sacred Plant Song » de Stephen H. Buhner publié dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop.
5. Toutefois, un nombre d’exemplaires de galdrar et de sorts ont été écrits, attestant l’utilisation populaire du pouvoir du verbe, qui a survécu au sein de la tradition magique du nord de l’Europe, bien après que la tradition sacrée des chants ait dégénérée.
6. Les dires prophétiques de la völva sont-ils véridiques ou non? C’est une question qui nécessite plus de temps que ce simple article pour y répondre avec justesse. Cependant, on peut y voir de nombreux liens avec la tradition divinatoire celte. Voir les éditions n° 15 et n° 16 de Sacred Hoop (auteur Matthews) et H.R. Ellis-Davidson dans Myths and symbols in Pagan Europe.
7. Voir aussi l’article « The World Tree » de Karen Kelly publié dans l’édition n° 12 du magazine Sacred Hoop.
8. Voir aussi l’article au sujet de l’animisme de Jonathan Horwitz publié dans l’édition n° 9 du magazine Sacred Hoop.
9. Ainsi, il y a plusieurs noms spécifiques pour les esprits de la nature, autant sur ma terre que la vôtre. Voir l’article « Lore of the Gentry » publié dans l’édition n° 15 du magazine Sacred Hoop.