Par Brian Bates, professeur en recherches chamanistes à l’Université du Sussex
Wyrd : Force de vie du Cosmos
Mille années paraissent excessivement longues mais ce ne sont en fait que quarante ou cinquante générations et surtout, elles nous renvoient à la période où les peuples européens étaient indigènes. Au cœur d’un paysage largement boisé, ces peuples étaient installés en petites communautés tribales organisées autour de chefs, guerriers, chasseurs et fermiers. C’est au sein de cette culture qu’a fleuri le chamanisme. Hommes et femmes pratiquaient le chamanisme et avaient une vision du monde connue sous le terme de Wyrd, qui signifie « l’inexplicable ». Mais à cette époque, l’Inexplicable était du domaine de la vérité éternelle et des forces sous-jacentes du Cosmos.
Les chamans guérissaient, divulguaient histoires de sagesse, guidaient les rituels et cérémonies sacrés et prophétisaient. Pour accomplir cette dernière tâche, ils entraient en un état altéré et établissaient une communication avec le monde des esprits afin d’y quérir des informations d’événements futurs.
Nous possédons plusieurs indices, exemples et descriptions partielles de l’exercice de ce don divinatoire; une des descriptions les plus complètes provient d’une source islandaise. Faisant partie de la saga nommée « Erik le Rouge », les historiens reconnaissent qu’elle se réfère à des évidences documentées d’une pratique largement répandue en Europe du Nord-Ouest, s’étirant de la Scandinavie à l’Allemagne et en Grande-Bretagne.
La saga d’Erik le Rouge fut écrite en Islande à la fin du 13è siècle ou au début du 14è et décrit la vie des gens pendant la période située entre 930 et 1030 de notre ère, période communément appelée « l’âge des sagas ». Elle inclut l’histoire d’une prophétesse nommée Thorbiorg. Il est possible que Thorbiorg fût un personnage historique. Dans cette histoire, elle était clairement et largement reconnue. On la surnommait « Petite Sibylle » et était connue pour être la dernière d’un groupe de neuf « sœurs » qui furent toutes prophétesses et qui voyageaient dans le pays offrant conseils venant du monde des esprits.
Dans la saga d’Erik le Rouge, Thorbiorg s’adonne à des séances de divination alors qu’une grande famine affecte les peuples. La pénurie de nourriture avait débuté l’année précédant sa visite. Les hommes qui étaient partis pêcher étaient revenus les mains presque vides, à cause de la mauvaise température, certains n’étaient pas revenus du tout. Plus tard au cours de cet hiver, on confia la responsabilité d’inviter Thorbiorg à Thorkel, le fermier-chef, afin qu’elle leur révèle quand cette terrible famine cesserait.
La communauté locale se réunit dans la maison du fermier et une bonne réception fut préparée pour elle, comme la coutume voulait qu’une femme comme elle soit reçue. L’allure de Thorbiorg était spectaculaire : elle était vêtue d’un capuchon fait de peau de mouton noir étrangement ligné de fourrure féline blanche, lequel était attaché à sa longue cape, elle portait des gants faits de peau de chats qui étaient duveteux et blancs à l’intérieur. À ses pieds, des bottes faites de peau de veau hirsute étaient lacés à l’aide de longues lanières de cuir auxquelles étaient accrochées de grosses boules de laiton. Elle avait à la main un grand bâton décoré de tout son long de laiton et garni d’une poignée de laiton entourée de pierres « magiques ».
Thorbiorg retira sa cape et révéla une tunique bleue, attachée au devant par des lanières de cuir et décorée de pierres précieuses étincelantes qui descendaient jusqu’au bas de sa tunique. Un collier de perle brillait autour de son cou et une ceinture saillait sa taille. À celle-ci, elle avait attaché une large pochette faite d’une peau animale et dans laquelle elle gardait les pierres magiques, plumes, ustensiles et objets nécessaires à sa magie.
Thorbiorg fut accueillie par une grande cérémonie. On lui servit un repas rituel spécialement préparé avec les cœurs de toutes les créatures vivantes avoisinantes, accompagné d’un porridge de lait de chèvre. Elle mangea son repas avec ses propres ustensiles : une cuillère en laiton et un couteau en cuivre dont le manche était une dent de morse, tous deux attachés ensemble par deux larges anneaux fixés au manche. Après s’être restaurée, elle expliqua qu’elle avait besoin de dormir dans la maison avant de débuter la séance.
Les préparations pour la séance furent complétées le matin suivant et lorsque la nuit fut là, tout était prêt, incluant la haute plateforme rituelle sur laquelle on avait déposé un coussin rempli de plumes de poules. Lorsque vint l’heure de débuter, maître Thorkel tendit sa main à Thorbiorg et la guida à la haute plateforme sur laquelle elle prit place.
Elle demanda s’il y avait quelqu’un de présent dans la halle qui pouvait chanter le charme nécessaire pour attirer les esprits. Au début, il sembla que personne ne le connaissait mais finalement, une jeune femme du nom de Gudrid annonça qu’elle connaissait le charme : « je ne suis pas initiée à la magie et je ne suis pas une prophétesse », dit-elle, « mais Halldis, ma mère adoptive m’enseigna, alors que j’étais en Islande, le chant qu’elle appelait Varthlokur ».
« Alors ta sagesse tombe à pic » lui dit Thorbiorg. « Mais je ne peux pas participer à ce processus » lui répondit Gundrid, « puisque je suis une femme chrétienne ». « Certes, je comprends, mais tu peux être utile à ta communauté dans cette affaire sans devenir une femme pire qu’avant. Mais c’est à Thorkel de prendre la décision. », lui dit Thorbiorg.
Thorkel persuada Gudrid d’aider Thorbiorg. Les femmes formèrent un cercle autour de la haute plateforme sur laquelle Thorbiorg était assise et les hommes se tinrent contre les murs de la maisonnée. Gudrid récita le chant avant tant de beauté et précision que tous clamèrent n’avoir jamais entendu une aussi jolie voix. La prophétesse remercia Gudrid et annonça qu’avant ce chant, les esprits se seraient détournés et n’auraient pas écouté et que maintenant, de nombreuses affaires étaient visibles alors qu’elles étaient cachées avant.
Lorsque vint le moment adéquat, Thorbiorg dit qu’elle était prête à répondre aux questions, puisque les réponses seraient données par les esprits. Selon la saga, le fermier lui demanda l’aboutissement de la famine et du fléau qui l’accompagnait. Thorbiorg lui répondit : « je peux facilement voir plusieurs choses qui étaient auparavant cachées. Je peux dire que cette année de pénurie ne durera pas plus longtemps que l’hiver et que tout sera meilleur au printemps. Le fléau, qui rage depuis longtemps, cessera plus vite que vous pensez. »
Puis, les autres personnes de la communauté lui posèrent des questions sur leur chance et malchance, leur potentialité, leurs problèmes et tout ce qu’ils voulaient savoir. Thorbiorg répondit à toutes les questions. Une jeune femme s’enquit de son avenir et la prophétesse lui dit : « Je vois ton avenir clairement. Ici au Groenland, tu te marieras mais cela sera de courte durée, puisque tu partiras vers l’Islande. Tu donneras naissance à un clan qui sera grand et bon. Une lumière brille sur ta descendance. Au revoir et bonne chance, ma fille. »
Le manuscrit de la saga révèle qu’elle était plus que disposée à transmettre des informations et concluaient ses messages par la formule suivante : «et c’était seulement une petite partie de ce qu’elle a dit qui n’est pas arrivé».
Wyrd : Force de vie du Cosmos
Mille années paraissent excessivement longues mais ce ne sont en fait que quarante ou cinquante générations et surtout, elles nous renvoient à la période où les peuples européens étaient indigènes. Au cœur d’un paysage largement boisé, ces peuples étaient installés en petites communautés tribales organisées autour de chefs, guerriers, chasseurs et fermiers. C’est au sein de cette culture qu’a fleuri le chamanisme. Hommes et femmes pratiquaient le chamanisme et avaient une vision du monde connue sous le terme de Wyrd, qui signifie « l’inexplicable ». Mais à cette époque, l’Inexplicable était du domaine de la vérité éternelle et des forces sous-jacentes du Cosmos.
Les chamans guérissaient, divulguaient histoires de sagesse, guidaient les rituels et cérémonies sacrés et prophétisaient. Pour accomplir cette dernière tâche, ils entraient en un état altéré et établissaient une communication avec le monde des esprits afin d’y quérir des informations d’événements futurs.
Nous possédons plusieurs indices, exemples et descriptions partielles de l’exercice de ce don divinatoire; une des descriptions les plus complètes provient d’une source islandaise. Faisant partie de la saga nommée « Erik le Rouge », les historiens reconnaissent qu’elle se réfère à des évidences documentées d’une pratique largement répandue en Europe du Nord-Ouest, s’étirant de la Scandinavie à l’Allemagne et en Grande-Bretagne.
La saga d’Erik le Rouge fut écrite en Islande à la fin du 13è siècle ou au début du 14è et décrit la vie des gens pendant la période située entre 930 et 1030 de notre ère, période communément appelée « l’âge des sagas ». Elle inclut l’histoire d’une prophétesse nommée Thorbiorg. Il est possible que Thorbiorg fût un personnage historique. Dans cette histoire, elle était clairement et largement reconnue. On la surnommait « Petite Sibylle » et était connue pour être la dernière d’un groupe de neuf « sœurs » qui furent toutes prophétesses et qui voyageaient dans le pays offrant conseils venant du monde des esprits.
Dans la saga d’Erik le Rouge, Thorbiorg s’adonne à des séances de divination alors qu’une grande famine affecte les peuples. La pénurie de nourriture avait débuté l’année précédant sa visite. Les hommes qui étaient partis pêcher étaient revenus les mains presque vides, à cause de la mauvaise température, certains n’étaient pas revenus du tout. Plus tard au cours de cet hiver, on confia la responsabilité d’inviter Thorbiorg à Thorkel, le fermier-chef, afin qu’elle leur révèle quand cette terrible famine cesserait.
La communauté locale se réunit dans la maison du fermier et une bonne réception fut préparée pour elle, comme la coutume voulait qu’une femme comme elle soit reçue. L’allure de Thorbiorg était spectaculaire : elle était vêtue d’un capuchon fait de peau de mouton noir étrangement ligné de fourrure féline blanche, lequel était attaché à sa longue cape, elle portait des gants faits de peau de chats qui étaient duveteux et blancs à l’intérieur. À ses pieds, des bottes faites de peau de veau hirsute étaient lacés à l’aide de longues lanières de cuir auxquelles étaient accrochées de grosses boules de laiton. Elle avait à la main un grand bâton décoré de tout son long de laiton et garni d’une poignée de laiton entourée de pierres « magiques ».
Thorbiorg retira sa cape et révéla une tunique bleue, attachée au devant par des lanières de cuir et décorée de pierres précieuses étincelantes qui descendaient jusqu’au bas de sa tunique. Un collier de perle brillait autour de son cou et une ceinture saillait sa taille. À celle-ci, elle avait attaché une large pochette faite d’une peau animale et dans laquelle elle gardait les pierres magiques, plumes, ustensiles et objets nécessaires à sa magie.
Thorbiorg fut accueillie par une grande cérémonie. On lui servit un repas rituel spécialement préparé avec les cœurs de toutes les créatures vivantes avoisinantes, accompagné d’un porridge de lait de chèvre. Elle mangea son repas avec ses propres ustensiles : une cuillère en laiton et un couteau en cuivre dont le manche était une dent de morse, tous deux attachés ensemble par deux larges anneaux fixés au manche. Après s’être restaurée, elle expliqua qu’elle avait besoin de dormir dans la maison avant de débuter la séance.
Les préparations pour la séance furent complétées le matin suivant et lorsque la nuit fut là, tout était prêt, incluant la haute plateforme rituelle sur laquelle on avait déposé un coussin rempli de plumes de poules. Lorsque vint l’heure de débuter, maître Thorkel tendit sa main à Thorbiorg et la guida à la haute plateforme sur laquelle elle prit place.
Elle demanda s’il y avait quelqu’un de présent dans la halle qui pouvait chanter le charme nécessaire pour attirer les esprits. Au début, il sembla que personne ne le connaissait mais finalement, une jeune femme du nom de Gudrid annonça qu’elle connaissait le charme : « je ne suis pas initiée à la magie et je ne suis pas une prophétesse », dit-elle, « mais Halldis, ma mère adoptive m’enseigna, alors que j’étais en Islande, le chant qu’elle appelait Varthlokur ».
« Alors ta sagesse tombe à pic » lui dit Thorbiorg. « Mais je ne peux pas participer à ce processus » lui répondit Gundrid, « puisque je suis une femme chrétienne ». « Certes, je comprends, mais tu peux être utile à ta communauté dans cette affaire sans devenir une femme pire qu’avant. Mais c’est à Thorkel de prendre la décision. », lui dit Thorbiorg.
Thorkel persuada Gudrid d’aider Thorbiorg. Les femmes formèrent un cercle autour de la haute plateforme sur laquelle Thorbiorg était assise et les hommes se tinrent contre les murs de la maisonnée. Gudrid récita le chant avant tant de beauté et précision que tous clamèrent n’avoir jamais entendu une aussi jolie voix. La prophétesse remercia Gudrid et annonça qu’avant ce chant, les esprits se seraient détournés et n’auraient pas écouté et que maintenant, de nombreuses affaires étaient visibles alors qu’elles étaient cachées avant.
Lorsque vint le moment adéquat, Thorbiorg dit qu’elle était prête à répondre aux questions, puisque les réponses seraient données par les esprits. Selon la saga, le fermier lui demanda l’aboutissement de la famine et du fléau qui l’accompagnait. Thorbiorg lui répondit : « je peux facilement voir plusieurs choses qui étaient auparavant cachées. Je peux dire que cette année de pénurie ne durera pas plus longtemps que l’hiver et que tout sera meilleur au printemps. Le fléau, qui rage depuis longtemps, cessera plus vite que vous pensez. »
Puis, les autres personnes de la communauté lui posèrent des questions sur leur chance et malchance, leur potentialité, leurs problèmes et tout ce qu’ils voulaient savoir. Thorbiorg répondit à toutes les questions. Une jeune femme s’enquit de son avenir et la prophétesse lui dit : « Je vois ton avenir clairement. Ici au Groenland, tu te marieras mais cela sera de courte durée, puisque tu partiras vers l’Islande. Tu donneras naissance à un clan qui sera grand et bon. Une lumière brille sur ta descendance. Au revoir et bonne chance, ma fille. »
Le manuscrit de la saga révèle qu’elle était plus que disposée à transmettre des informations et concluaient ses messages par la formule suivante : «et c’était seulement une petite partie de ce qu’elle a dit qui n’est pas arrivé».
Les femmes prophétesses
Cette description exhaustive d’un ancien rituel chamaniste nous montre Thorbiorg entreprendre une séance de divination pour le bien d’une communauté et pour le bien d’individus. Elle communique avec les esprits afin de connaître la destiné des gens réunis dans la fermette. Le manuscrit dit « une bonne réception fut préparée pour elle, comme la coutume voulait qu’une femme comme elle soit reçue », il est clair qu’on la tenait en haute estime.
Les femmes qui possédaient des pouvoirs d’intuition profonde et la capacité de lire le futur furent honorées et révérées à travers toute l’histoire de l’ancienne Europe. Cette tradition était vieille et nous possédons des documents écrits attestant qu’elle recule dans le temps au moins mille ans avant Thorbiorg. Le terme utilisé pour identifier ces femmes chamanes dans l’ancienne Europe du Nord était spakona, signifiant une femme avec des dons prophétiques. Un terme plus précis pour une femme pratiquant la divination était völva, généralement traduit par « prophétesse ». Il n’existe pas de penchant masculin pour ce terme.
Le rite divinatoire au cours duquel la völva prenait place était connu sous le nom de seidr. L’étymologie de ce mot l’associe à un large groupe de termes fondé sur la racine indo-européenne sed. Une séance de seidr est littéralement une « assise »; être assis pour communiquer avec les esprits.
Une des plus anciennes histoires, nommées Norna-Gest, nous raconte que « à cette époque, les femmes sages voyageaient à travers le pays. On les nommait des spae-épouses et elles prophétisaient le futur de gens. Pour cette raison, on les invitait à la maison et on leur offrait l’hospitalité et on leur offrait des cadeaux à leur départ. »
Dans la saga d’Erik le Rouge, Thorbiorg est dit être la dernière survivante d’une compagnie de neuf femmes. Comme les autres sagas indiquent que les prophétesses se déplaçaient en groupe, il est possible qu’il fût plus rare de croiser des prophétesses qui se déplaçaient seules.
Les rites qu’elles tenaient étaient liés à la fertilité de la terre, à l’éducation d’une famille et aux jeunes filles que l’on offrait en mariage. C’était une tradition à laquelle les femmes participaient pleinement, tout autant en tant que célébrantes qu’en tant qu’audience. Mais cela allait encore plus loin que ça, puisque la pratique du seidr était réservée aux femmes seulement et présidée par les déesses Frigg et, surtout, Freyja. Ces deux déesses sont des déesses bienfaitrices aidant les femmes et les filles au moment de leur mariage et leur grossesse; elles façonnent également le destin des enfants.
Le nom de Freyja est lié, selon Snorri Sturluson, à une branche spéciale de la sorcellerie, connue sous le nom de seithr, puisqu’il déclare que ce sont les Vanir qui maîtrisèrent d’abord cet art avant de l’enseigner à Odin, un événement que nous verrons plus tard. Les völvas sont en vérité des mediums envoyées en mission par la déesse Freyja. Elles sont les représentations terrestres de son grand pouvoir.
L’art de la prophétesse
La description de la séance de Thorbiorg contient un nombre d’objets et de processus intéressants, une sorte de structure grâce à laquelle la prophétesse pouvait entreprendre un travail divinatoire.
La saga rapporte que Thorbiorg transportait une pochette suspendue à sa ceinture. Cette pochette, on l’a vu plus haut, était faite de peau animale et contenait des pierres magiques, des plumes, des ustensiles et différents objets pour pratiquer sa magie.
Dans le livre The Mound People, Glob décrit un sac de médecine scandinave datant de la préhistoire (soit mille ans avant les pratiques de Thorbiorg et qui seraient peut-être lié aux pratiques de Veleda et autres prophétesses), notant que trente de ces sacs furent trouvés dans des tombes danoises datant de l’âge de bronze. Ces sacs de médecine devaient être similaires à la pochette suspendue à la ceinture de Thorbiorg. Glob émet la liste de ce que contient l’un des sacs, ce qui nous donne une idée de ce que Thorbiorg pouvait transporter dans sa pochette :
« dans le sac se trouvaient les objets les plus extraordinaires : une pièce d’ambre trouée, un petit morceau de coquillage d’un conque, un petit cube de bois, un flocon de silex, un nombre de différentes racines séchées, un morceau d’écorce, la queue d’une couleuvre, les serres d’un faucon, une paire de pinces minces, un couteau de bronze dans un étui en cuir, un rasoir à manche façonné en forme de tête de cheval, un petit couteau en silex cousu à un morceau d’intestin ou de vessie, un petit étui en cuir contenant la mâchoire inférieure d’un écureuil et un petit intestin – ou vessie – contenant plusieurs autres petits articles… Le contenu du sac était utilisé pour la sorcellerie et avait appartenu à un homme guérisseur. »
Cette fascinante collection d’objets, pas nécessairement identiques à ceux transportés par Thorbiorg, mais peut-être similaires, est l’essence des outils utilisés pour un échange : combinés avec la connaissance, l’intelligence et les talents du praticien, ils constituent un moyen de travailler avec une profonde intuition. Certains de ces outils procurent un résultat immédiat et concret : la paire de pinces minces par exemple, peut être utilisée pour extraire quelque chose d’une plaie. Le petit couteau de silex cousu probablement par sécurité à un morceau d’intestin ou de vessie avait aussi une utilité directe.
Mais les autres outils résonnent avec une signification symbolique, avec une action magique et avec une connexion au monde des esprits, l’Autre Monde de l’homme guérisseur. La pièce d’ambre trouée, par exemple, n’a pas d’utilité pratique évidente, mais pourrait faire partie de l’attirail d’un sort, et l’ambre pourrait avoir des vertus guérisseuses. Comme la pièce était trouée, il est fort probable qu’elle avait déjà été utilisée. Elle aurait également pu faire partie d’un bijou d’une personne importante pour celui qui la transportait.
Le petit morceau de coquillage de conque aurait pu être utilisé pour écouter et entendre les voix et conseils des esprits. Le petit cube de bois lui pourrait provenir d’un arbre particulièrement important. Peut-être était-ce un arbre qui fut foudroyé ou un arbre avec lequel le guérisseur entretenait une affinité ou duquel il puisait force et pouvoir ou encore un arbre représentant l’Arbre Monde (l’image structurée unissant les mondes spirituels du Monde d’en Haut et du Monde d’en Bas au Monde du Milieu, monde de la réalité de tous les jours). Le morceau d’écorce pourrait fort probablement provenir du même arbre que le cube.
Les différentes racines séchées étaient probablement utilisées de deux manières : soit pour les pouvoirs de la plante dont elles provenaient, soit elles étaient directement utilisées en potions ou boissons, peut-être en les râpant un peu et en les mélangeant à un peu d’eau ou autres substances.
La queue de couleuvre, les serres de faucon, le rasoir à manche façonné en forme de tête de cheval, la mâchoire inférieure d’écureuil – tous ces objets sont des références symboliques, issus de l’image de l’Arbre Monde. En effet, un écureuil parcourt de haut en bas le tronc de celui-ci, passant du Monde d’en Bas au Monde du Milieu au Monde d’en Haut, livrant messages échangés entre l’oiseau de proie (faucon) qui se tient sur la plus haute des branches et le serpent qui dévore les plus basses racines. Ces trois objets auraient pu être des talismans de l’Arbre Monde.
Ceci, bien sûr, est pure spéculation et n’est pas immédiate référence au contenu de la pochette de Thorbiorg. Mais lorsqu’on se souvient que sa pochette était décrite comme contenant des « pierres magiques » (la pièce d’ambre), des « plumes » (se référant aux serres de faucon), des « ustensiles » (comme les pinces et les deux couteaux de silex) et « autres objets utiles pour sa magie », il existe plusieurs des parallèles et ressemblances.
Le couteau de bronze rangé dans un étui en cuir aurait pu avoir un usage pratique des plus simples, malgré le fait qu’il faut se rappeler que Thorbiorg transportait elle un couteau spécial en cuivre possédant un manche fait d’une dent de morse, accroché par deux années à une cuillère. La saga rapporte que la pointe de la lame de ce couteau avait été coupée, possiblement dans le cadre d’un rituel. On trouve dans le « Livre saxon des sorts » un court sort de protection contre l’attaque de flèches invisibles provenant d’elfes. Ce sort requérait l’usage d’un couteau à manche fait d’une corne jaunie et décoré de trois clous en laiton. Cet outil peut être similaire à celui avec lequel Thorbiorg prend ses repas cérémoniels, la dent de morse représentant la même défense et fonction protectrice que les clous de laiton.
Tous ces attirails, facilement transportables dans une pochette de cuir attachée à une ceinture, constituent les outils essentiels, les armes et objets sacrés de la mission d’une prophétesse ou d’un chaman.
Cette description exhaustive d’un ancien rituel chamaniste nous montre Thorbiorg entreprendre une séance de divination pour le bien d’une communauté et pour le bien d’individus. Elle communique avec les esprits afin de connaître la destiné des gens réunis dans la fermette. Le manuscrit dit « une bonne réception fut préparée pour elle, comme la coutume voulait qu’une femme comme elle soit reçue », il est clair qu’on la tenait en haute estime.
Les femmes qui possédaient des pouvoirs d’intuition profonde et la capacité de lire le futur furent honorées et révérées à travers toute l’histoire de l’ancienne Europe. Cette tradition était vieille et nous possédons des documents écrits attestant qu’elle recule dans le temps au moins mille ans avant Thorbiorg. Le terme utilisé pour identifier ces femmes chamanes dans l’ancienne Europe du Nord était spakona, signifiant une femme avec des dons prophétiques. Un terme plus précis pour une femme pratiquant la divination était völva, généralement traduit par « prophétesse ». Il n’existe pas de penchant masculin pour ce terme.
Le rite divinatoire au cours duquel la völva prenait place était connu sous le nom de seidr. L’étymologie de ce mot l’associe à un large groupe de termes fondé sur la racine indo-européenne sed. Une séance de seidr est littéralement une « assise »; être assis pour communiquer avec les esprits.
Une des plus anciennes histoires, nommées Norna-Gest, nous raconte que « à cette époque, les femmes sages voyageaient à travers le pays. On les nommait des spae-épouses et elles prophétisaient le futur de gens. Pour cette raison, on les invitait à la maison et on leur offrait l’hospitalité et on leur offrait des cadeaux à leur départ. »
Dans la saga d’Erik le Rouge, Thorbiorg est dit être la dernière survivante d’une compagnie de neuf femmes. Comme les autres sagas indiquent que les prophétesses se déplaçaient en groupe, il est possible qu’il fût plus rare de croiser des prophétesses qui se déplaçaient seules.
Les rites qu’elles tenaient étaient liés à la fertilité de la terre, à l’éducation d’une famille et aux jeunes filles que l’on offrait en mariage. C’était une tradition à laquelle les femmes participaient pleinement, tout autant en tant que célébrantes qu’en tant qu’audience. Mais cela allait encore plus loin que ça, puisque la pratique du seidr était réservée aux femmes seulement et présidée par les déesses Frigg et, surtout, Freyja. Ces deux déesses sont des déesses bienfaitrices aidant les femmes et les filles au moment de leur mariage et leur grossesse; elles façonnent également le destin des enfants.
Le nom de Freyja est lié, selon Snorri Sturluson, à une branche spéciale de la sorcellerie, connue sous le nom de seithr, puisqu’il déclare que ce sont les Vanir qui maîtrisèrent d’abord cet art avant de l’enseigner à Odin, un événement que nous verrons plus tard. Les völvas sont en vérité des mediums envoyées en mission par la déesse Freyja. Elles sont les représentations terrestres de son grand pouvoir.
L’art de la prophétesse
La description de la séance de Thorbiorg contient un nombre d’objets et de processus intéressants, une sorte de structure grâce à laquelle la prophétesse pouvait entreprendre un travail divinatoire.
La saga rapporte que Thorbiorg transportait une pochette suspendue à sa ceinture. Cette pochette, on l’a vu plus haut, était faite de peau animale et contenait des pierres magiques, des plumes, des ustensiles et différents objets pour pratiquer sa magie.
Dans le livre The Mound People, Glob décrit un sac de médecine scandinave datant de la préhistoire (soit mille ans avant les pratiques de Thorbiorg et qui seraient peut-être lié aux pratiques de Veleda et autres prophétesses), notant que trente de ces sacs furent trouvés dans des tombes danoises datant de l’âge de bronze. Ces sacs de médecine devaient être similaires à la pochette suspendue à la ceinture de Thorbiorg. Glob émet la liste de ce que contient l’un des sacs, ce qui nous donne une idée de ce que Thorbiorg pouvait transporter dans sa pochette :
« dans le sac se trouvaient les objets les plus extraordinaires : une pièce d’ambre trouée, un petit morceau de coquillage d’un conque, un petit cube de bois, un flocon de silex, un nombre de différentes racines séchées, un morceau d’écorce, la queue d’une couleuvre, les serres d’un faucon, une paire de pinces minces, un couteau de bronze dans un étui en cuir, un rasoir à manche façonné en forme de tête de cheval, un petit couteau en silex cousu à un morceau d’intestin ou de vessie, un petit étui en cuir contenant la mâchoire inférieure d’un écureuil et un petit intestin – ou vessie – contenant plusieurs autres petits articles… Le contenu du sac était utilisé pour la sorcellerie et avait appartenu à un homme guérisseur. »
Cette fascinante collection d’objets, pas nécessairement identiques à ceux transportés par Thorbiorg, mais peut-être similaires, est l’essence des outils utilisés pour un échange : combinés avec la connaissance, l’intelligence et les talents du praticien, ils constituent un moyen de travailler avec une profonde intuition. Certains de ces outils procurent un résultat immédiat et concret : la paire de pinces minces par exemple, peut être utilisée pour extraire quelque chose d’une plaie. Le petit couteau de silex cousu probablement par sécurité à un morceau d’intestin ou de vessie avait aussi une utilité directe.
Mais les autres outils résonnent avec une signification symbolique, avec une action magique et avec une connexion au monde des esprits, l’Autre Monde de l’homme guérisseur. La pièce d’ambre trouée, par exemple, n’a pas d’utilité pratique évidente, mais pourrait faire partie de l’attirail d’un sort, et l’ambre pourrait avoir des vertus guérisseuses. Comme la pièce était trouée, il est fort probable qu’elle avait déjà été utilisée. Elle aurait également pu faire partie d’un bijou d’une personne importante pour celui qui la transportait.
Le petit morceau de coquillage de conque aurait pu être utilisé pour écouter et entendre les voix et conseils des esprits. Le petit cube de bois lui pourrait provenir d’un arbre particulièrement important. Peut-être était-ce un arbre qui fut foudroyé ou un arbre avec lequel le guérisseur entretenait une affinité ou duquel il puisait force et pouvoir ou encore un arbre représentant l’Arbre Monde (l’image structurée unissant les mondes spirituels du Monde d’en Haut et du Monde d’en Bas au Monde du Milieu, monde de la réalité de tous les jours). Le morceau d’écorce pourrait fort probablement provenir du même arbre que le cube.
Les différentes racines séchées étaient probablement utilisées de deux manières : soit pour les pouvoirs de la plante dont elles provenaient, soit elles étaient directement utilisées en potions ou boissons, peut-être en les râpant un peu et en les mélangeant à un peu d’eau ou autres substances.
La queue de couleuvre, les serres de faucon, le rasoir à manche façonné en forme de tête de cheval, la mâchoire inférieure d’écureuil – tous ces objets sont des références symboliques, issus de l’image de l’Arbre Monde. En effet, un écureuil parcourt de haut en bas le tronc de celui-ci, passant du Monde d’en Bas au Monde du Milieu au Monde d’en Haut, livrant messages échangés entre l’oiseau de proie (faucon) qui se tient sur la plus haute des branches et le serpent qui dévore les plus basses racines. Ces trois objets auraient pu être des talismans de l’Arbre Monde.
Ceci, bien sûr, est pure spéculation et n’est pas immédiate référence au contenu de la pochette de Thorbiorg. Mais lorsqu’on se souvient que sa pochette était décrite comme contenant des « pierres magiques » (la pièce d’ambre), des « plumes » (se référant aux serres de faucon), des « ustensiles » (comme les pinces et les deux couteaux de silex) et « autres objets utiles pour sa magie », il existe plusieurs des parallèles et ressemblances.
Le couteau de bronze rangé dans un étui en cuir aurait pu avoir un usage pratique des plus simples, malgré le fait qu’il faut se rappeler que Thorbiorg transportait elle un couteau spécial en cuivre possédant un manche fait d’une dent de morse, accroché par deux années à une cuillère. La saga rapporte que la pointe de la lame de ce couteau avait été coupée, possiblement dans le cadre d’un rituel. On trouve dans le « Livre saxon des sorts » un court sort de protection contre l’attaque de flèches invisibles provenant d’elfes. Ce sort requérait l’usage d’un couteau à manche fait d’une corne jaunie et décoré de trois clous en laiton. Cet outil peut être similaire à celui avec lequel Thorbiorg prend ses repas cérémoniels, la dent de morse représentant la même défense et fonction protectrice que les clous de laiton.
Tous ces attirails, facilement transportables dans une pochette de cuir attachée à une ceinture, constituent les outils essentiels, les armes et objets sacrés de la mission d’une prophétesse ou d’un chaman.
Le repas rituel
Lorsqu’elle arrive à la fermette, on sert à Thorbiorg un repas rituel, conçu pour intensifier les pouvoirs des esprits animaliers. Ce repas incluait du colostrum, qui donnait plus de soutien et était plus concentré que du lait ordinaire, puisqu’il était plein d’anticorps et de nutriments (il est secrété par une mère allaitant depuis seulement quelques jours. Ce lait est fait pour fortifier le nouveau-né dans la phase la plus fragile de sa vie. Le colostrum de chèvre est d’une couleur jaune orangé et a un arôme très prononcé. De nos jours, les gens ont tendance à en reculer!
En plus de cette boisson, Thorbiorg mange comme viande le cœur de tous les animaux des environs. Le fait qu’elle ingère le cœur d’une variété d’animaux sauvages, en utilisant ses propres ustensiles, suggère qu’elle avait besoin d’intégrer leur essence en elle afin d’acquérir leur force et leur aide pour contacter les esprits.
Les peuples tribaux considèrent souvent que le cœur est la source de la force de l’esprit. En transmettant la force de l’animal, le repas renforcit Thorbiorg et la prépare à son voyage extatique.
Le pôle cérémoniel décoré d’une poignée de laiton
Le pôle cérémoniel que transporte Thorbiorg est commun aux cultures où le chaman transporte un bâton; le pied de ce dernier est déposé sur le sol, poignée vers le haut et représente l’Arbre Monde.
On croyait que le chaman possédait la capacité de traverser les différents royaumes spirituels, le Monde d’en Haut, le Monde du Milieu et le Monde d’en Bas. Le bâton cérémoniel était un symbole de ces voyages. Le fait que le bâton de Thorbiorg était décoré tout le long de laiton, décoration se terminant en haut par une poignée de laiton, celle-ci entourée de pierres magiques, suggère que la décoration de laiton pourrait dépeindre ledit voyage qu’elle entreprend vers le monde des esprits. Les « pierres magiques » qui décorent la partie supérieure du bâton pourraient représenter les mondes de la connaissance de la cosmologie du Wyrd.
En tant que symbole de voyage spirituel, ou symbole de « voler » au monde des esprits, le bâton représente aussi un outil de vol, un symbole d’une transportation spirituelle. Des siècles plus tard, dans les traditions chamanistes féminines d’Europe, lorsqu’on étiquetait des pratiques comme « sorcellerie », les sorcières étaient représentées en train de voler sur un bâton ayant la forme d’un balai, ce qui pour eux symbolisait le voyage spirituel.
Le haut siège
Pour sa cérémonie divinatoire, Thorbiorg prend place sur un haut siège ou une haute plateforme. Une saga rapporte que l’une des völvas était assise lorsqu’elle prophétisait et qu’elle devenait très en colère lorsque la foule qui s’entassait près d’elle, la poussait par inadvertance de son banc!
Un rituel de seidr utilise immanquablement une haute plateforme pour la prophétesse, représentant probablement le vol chamaniste que la prophétesse entreprenait jusqu’au monde des esprits, la plaçant ainsi dans une situation surélevée à partir de laquelle elle pouvait recevoir des visions des autres mondes.
Le voyage de la völva vers le monde des esprits était souvent décrit comme étant similaire au vol d’un oiseau. Thorbiorg demandait à ce que l’on place un oreiller rempli de plumes de poules sur la haute plateforme sur laquelle elle prenait place.
Freyja (chamane archétypale représentée par Thorbiorg) était décrite dans les histoires comme étant capable de prendre une forme de plumes ou celle d’un faucon et se métamorphosait en oiseau lorsqu’elle volait et pouvait ainsi voyager sur de longues distances.
Les mythes suggèrent aussi qu’elle possédait une sorte de costume chamaniste à l’effigie d’un oiseau et qui lui permettait de voler. Il lui arrivait de prêter ce costume à des dieux afin qu’ils puissent voler également.
Il arrivait à l’occasion, quand les völvas « volaient » au monde des esprits en envoyant leur âme hors de leur corps, que les gens affirmaient les avoir « vues ». Ces gens disaient avoir vu des femmes volant dans les airs, leurs longs cheveux flottant derrière elles.
Mais c’était là un dangereux voyage. Si l’âme était blessée ou tuée lors de son voyage dans le monde des esprits, le corps de la prophétesse montrait des blessures correspondantes et pouvait même mourir.
Lorsqu’elle arrive à la fermette, on sert à Thorbiorg un repas rituel, conçu pour intensifier les pouvoirs des esprits animaliers. Ce repas incluait du colostrum, qui donnait plus de soutien et était plus concentré que du lait ordinaire, puisqu’il était plein d’anticorps et de nutriments (il est secrété par une mère allaitant depuis seulement quelques jours. Ce lait est fait pour fortifier le nouveau-né dans la phase la plus fragile de sa vie. Le colostrum de chèvre est d’une couleur jaune orangé et a un arôme très prononcé. De nos jours, les gens ont tendance à en reculer!
En plus de cette boisson, Thorbiorg mange comme viande le cœur de tous les animaux des environs. Le fait qu’elle ingère le cœur d’une variété d’animaux sauvages, en utilisant ses propres ustensiles, suggère qu’elle avait besoin d’intégrer leur essence en elle afin d’acquérir leur force et leur aide pour contacter les esprits.
Les peuples tribaux considèrent souvent que le cœur est la source de la force de l’esprit. En transmettant la force de l’animal, le repas renforcit Thorbiorg et la prépare à son voyage extatique.
Le pôle cérémoniel décoré d’une poignée de laiton
Le pôle cérémoniel que transporte Thorbiorg est commun aux cultures où le chaman transporte un bâton; le pied de ce dernier est déposé sur le sol, poignée vers le haut et représente l’Arbre Monde.
On croyait que le chaman possédait la capacité de traverser les différents royaumes spirituels, le Monde d’en Haut, le Monde du Milieu et le Monde d’en Bas. Le bâton cérémoniel était un symbole de ces voyages. Le fait que le bâton de Thorbiorg était décoré tout le long de laiton, décoration se terminant en haut par une poignée de laiton, celle-ci entourée de pierres magiques, suggère que la décoration de laiton pourrait dépeindre ledit voyage qu’elle entreprend vers le monde des esprits. Les « pierres magiques » qui décorent la partie supérieure du bâton pourraient représenter les mondes de la connaissance de la cosmologie du Wyrd.
En tant que symbole de voyage spirituel, ou symbole de « voler » au monde des esprits, le bâton représente aussi un outil de vol, un symbole d’une transportation spirituelle. Des siècles plus tard, dans les traditions chamanistes féminines d’Europe, lorsqu’on étiquetait des pratiques comme « sorcellerie », les sorcières étaient représentées en train de voler sur un bâton ayant la forme d’un balai, ce qui pour eux symbolisait le voyage spirituel.
Le haut siège
Pour sa cérémonie divinatoire, Thorbiorg prend place sur un haut siège ou une haute plateforme. Une saga rapporte que l’une des völvas était assise lorsqu’elle prophétisait et qu’elle devenait très en colère lorsque la foule qui s’entassait près d’elle, la poussait par inadvertance de son banc!
Un rituel de seidr utilise immanquablement une haute plateforme pour la prophétesse, représentant probablement le vol chamaniste que la prophétesse entreprenait jusqu’au monde des esprits, la plaçant ainsi dans une situation surélevée à partir de laquelle elle pouvait recevoir des visions des autres mondes.
Le voyage de la völva vers le monde des esprits était souvent décrit comme étant similaire au vol d’un oiseau. Thorbiorg demandait à ce que l’on place un oreiller rempli de plumes de poules sur la haute plateforme sur laquelle elle prenait place.
Freyja (chamane archétypale représentée par Thorbiorg) était décrite dans les histoires comme étant capable de prendre une forme de plumes ou celle d’un faucon et se métamorphosait en oiseau lorsqu’elle volait et pouvait ainsi voyager sur de longues distances.
Les mythes suggèrent aussi qu’elle possédait une sorte de costume chamaniste à l’effigie d’un oiseau et qui lui permettait de voler. Il lui arrivait de prêter ce costume à des dieux afin qu’ils puissent voler également.
Il arrivait à l’occasion, quand les völvas « volaient » au monde des esprits en envoyant leur âme hors de leur corps, que les gens affirmaient les avoir « vues ». Ces gens disaient avoir vu des femmes volant dans les airs, leurs longs cheveux flottant derrière elles.
Mais c’était là un dangereux voyage. Si l’âme était blessée ou tuée lors de son voyage dans le monde des esprits, le corps de la prophétesse montrait des blessures correspondantes et pouvait même mourir.
Chanter la transe de l’esprit
Dans d’autres descriptions de rituels de seidr, plus fragmentaires ceux-là, il est sous-entendu que la prophétesse obtenait ses connaissances alors qu’elle était dans un état où on la croyait morte, duquel elle s’éveillait avec difficulté et qui la rendait absolument épuisée lorsque la cérémonie était terminée.
Dans le récit de rituels divinatoires similaires, les prophétesses voyageaient avec un nombre de chanteurs entraînés à chanter les incantations nécessaires pour le travail spirituel. Mais à l’époque où se déroule la saga où figure Thorbiorg, le christianisme était la religion officielle et Thorbiorg n’avait aucun chanteur avec elle.
Dans les premières traditions féminines du nord-ouest de l’Europe, les prophétesses comme Thorbiorg semblaient dépendre de voix chantant des incantations.
Un autre récit d’un rituel de seidr décrit une prophétesse solitaire nommée Heidr qui se rendaient aux cérémonies divinatoires accompagnées par trente personnes entraînées au chant spirituel; la moitié était des hommes, l’autre des femmes, ce qui améliorait les conditions de transe et rendait la possibilité de « capture » d’esprits nettement plus plausible.
L’effet d’avoir trente chanteurs entraînés s’exécutant dans une fermette, trente chanteurs entraînés capable d’exploiter le potentiel de la voix humaine, les tonalités comme le volume, peut être très impressionnant, voire bouleversant. L’environnement musical est créé sur place et probablement jamais identique d’une fois à l’autre. Cet événement unique offre la spontanéité de la reproduction artistique, au lieu d’offrir l’effet d’un son sûr et contrôlé emprisonné sur un CD ou une cassette.
Les chanteurs qui accompagnaient la chamane étaient des incantateurs; ils chantaient les chants d’une façon magique. L’art d’attirer les esprits dépendait sur la manière dont on pouvait jouait avec l’air, des sons aigus ou graves aux rythmes, ce qui permettait de catalyser l’entrée en transe de la prophétesse et ouvrait les « portes des cieux » pour l’entrée d’autres forces.
Tandis que les chamans voyageaient au monde des esprits et que les incantations catalysaient cette transformation, la chanson était aussi requise pour causer un état de conscience réceptif et approprié chez les spectateurs, qui, après tout, participaient plus qu’ils n’observaient.
Il était important que les auditeurs « sortent d’eux-mêmes » afin qu’ils deviennent unis; ils étaient littéralement et métaphoriquement « dans l’esprit » de l’occasion, aux prémices d’une intoxication sacrée et ainsi prêts à recevoir les messages transmis par la chamane depuis le monde des esprits.
Tandis que le rythme des tambours ou des incantations pouvait causer des états de conscience altérés appropriés aux rituels, les mots des incantations étaient également importants.
Hilda Ellis Davidson explique que le titre de la chanson-charme requise par Thorbiorg pour sa cérémonie est liée au mot sorcier ou magicien du dialecte écossais et dont la signification est crue être liée au pouvoir d’introspection ou d’enferme.
Elle suggère que ceci peut être interprété de deux manières. La chanson pourrait attirer et retenir les esprits aidant qui permettent à la völva d’obtenir des réponses et cela pourrait également signifier que la chanson possède le pouvoir de réveiller la völva lorsqu’elle est en transe et d’appeler son âme voyageuse afin qu’elle revienne du monde des esprits et retourne dans son enveloppe charnelle.
Lors de la cérémonie de Thorbiorg, la chanson utilisée l’était clairement pour provoquer, susciter les esprits. Mais au sein de toutes les traditions chamanistes, des références à des chansons uniques aux chamans sont faites. Parfois, ces chansons tenaient un rôle important dans leur initiation. Elles ont certainement un attribut différent d’une distraction musicale.
Kalweit raconte l’histoire d’un chaman d’une culture tribale plus récente, décrivant la manière dont les chansons s’emparent de lui et comment les mots sont causés par d’autres forces : « les chansons sont réfléchies, chantées par le souffle lorsque les gens sont émus par de grandes forces et quand le discours ne suffit plus. L’homme est aussi en vie que la banquise qui vogue ici et là suivant le courant. Les pensées de l’homme sont conduites par une force fluide lorsqu’il ressent la joie, lorsqu’il ressent la peur, lorsqu’il ressent la tristesse. Les pensées peuvent se déverser sur lui comme un déluge, le faire haleter, chercher son air, faire battre son cœur. Quelque chose comme une température peut le maintenir dégeler et il arrivera que nous, qui pensons toujours que nous sommes petits, nous nous sentirons encore plus petits. Et nous craindrons d’utiliser des mots. Mais il arrivera que les mots aient besoin de sortir d’eux-mêmes. Quand les mots que nous voulons dire sortent d’eux-mêmes, nous avons là notre nouvelle chanson. »
Ceci nous donne un aperçu de l’expérience du pouvoir des chansons de Thorbiorg et d’autres völvas.
Dans plusieurs cas, les chansons spirituelles sont connectées avec la première rencontre faite avec des esprits qui se déroulent avant le début de l’initiation; il est fort probable que Thorbiorg ait eut une telle rencontre. Il y invariablement un moment où le chaman est capable de convoquer la présence des esprits par le biais d’une chanson, même s’il a fait des rencontres involontaires avec des esprits dans le passé. Le rôle de médiateur du chaman entre le peuple et le monde des esprits devait inclure l’éveil de la conscience des énergies spirituelles.
Dans d’autres descriptions de rituels de seidr, plus fragmentaires ceux-là, il est sous-entendu que la prophétesse obtenait ses connaissances alors qu’elle était dans un état où on la croyait morte, duquel elle s’éveillait avec difficulté et qui la rendait absolument épuisée lorsque la cérémonie était terminée.
Dans le récit de rituels divinatoires similaires, les prophétesses voyageaient avec un nombre de chanteurs entraînés à chanter les incantations nécessaires pour le travail spirituel. Mais à l’époque où se déroule la saga où figure Thorbiorg, le christianisme était la religion officielle et Thorbiorg n’avait aucun chanteur avec elle.
Dans les premières traditions féminines du nord-ouest de l’Europe, les prophétesses comme Thorbiorg semblaient dépendre de voix chantant des incantations.
Un autre récit d’un rituel de seidr décrit une prophétesse solitaire nommée Heidr qui se rendaient aux cérémonies divinatoires accompagnées par trente personnes entraînées au chant spirituel; la moitié était des hommes, l’autre des femmes, ce qui améliorait les conditions de transe et rendait la possibilité de « capture » d’esprits nettement plus plausible.
L’effet d’avoir trente chanteurs entraînés s’exécutant dans une fermette, trente chanteurs entraînés capable d’exploiter le potentiel de la voix humaine, les tonalités comme le volume, peut être très impressionnant, voire bouleversant. L’environnement musical est créé sur place et probablement jamais identique d’une fois à l’autre. Cet événement unique offre la spontanéité de la reproduction artistique, au lieu d’offrir l’effet d’un son sûr et contrôlé emprisonné sur un CD ou une cassette.
Les chanteurs qui accompagnaient la chamane étaient des incantateurs; ils chantaient les chants d’une façon magique. L’art d’attirer les esprits dépendait sur la manière dont on pouvait jouait avec l’air, des sons aigus ou graves aux rythmes, ce qui permettait de catalyser l’entrée en transe de la prophétesse et ouvrait les « portes des cieux » pour l’entrée d’autres forces.
Tandis que les chamans voyageaient au monde des esprits et que les incantations catalysaient cette transformation, la chanson était aussi requise pour causer un état de conscience réceptif et approprié chez les spectateurs, qui, après tout, participaient plus qu’ils n’observaient.
Il était important que les auditeurs « sortent d’eux-mêmes » afin qu’ils deviennent unis; ils étaient littéralement et métaphoriquement « dans l’esprit » de l’occasion, aux prémices d’une intoxication sacrée et ainsi prêts à recevoir les messages transmis par la chamane depuis le monde des esprits.
Tandis que le rythme des tambours ou des incantations pouvait causer des états de conscience altérés appropriés aux rituels, les mots des incantations étaient également importants.
Hilda Ellis Davidson explique que le titre de la chanson-charme requise par Thorbiorg pour sa cérémonie est liée au mot sorcier ou magicien du dialecte écossais et dont la signification est crue être liée au pouvoir d’introspection ou d’enferme.
Elle suggère que ceci peut être interprété de deux manières. La chanson pourrait attirer et retenir les esprits aidant qui permettent à la völva d’obtenir des réponses et cela pourrait également signifier que la chanson possède le pouvoir de réveiller la völva lorsqu’elle est en transe et d’appeler son âme voyageuse afin qu’elle revienne du monde des esprits et retourne dans son enveloppe charnelle.
Lors de la cérémonie de Thorbiorg, la chanson utilisée l’était clairement pour provoquer, susciter les esprits. Mais au sein de toutes les traditions chamanistes, des références à des chansons uniques aux chamans sont faites. Parfois, ces chansons tenaient un rôle important dans leur initiation. Elles ont certainement un attribut différent d’une distraction musicale.
Kalweit raconte l’histoire d’un chaman d’une culture tribale plus récente, décrivant la manière dont les chansons s’emparent de lui et comment les mots sont causés par d’autres forces : « les chansons sont réfléchies, chantées par le souffle lorsque les gens sont émus par de grandes forces et quand le discours ne suffit plus. L’homme est aussi en vie que la banquise qui vogue ici et là suivant le courant. Les pensées de l’homme sont conduites par une force fluide lorsqu’il ressent la joie, lorsqu’il ressent la peur, lorsqu’il ressent la tristesse. Les pensées peuvent se déverser sur lui comme un déluge, le faire haleter, chercher son air, faire battre son cœur. Quelque chose comme une température peut le maintenir dégeler et il arrivera que nous, qui pensons toujours que nous sommes petits, nous nous sentirons encore plus petits. Et nous craindrons d’utiliser des mots. Mais il arrivera que les mots aient besoin de sortir d’eux-mêmes. Quand les mots que nous voulons dire sortent d’eux-mêmes, nous avons là notre nouvelle chanson. »
Ceci nous donne un aperçu de l’expérience du pouvoir des chansons de Thorbiorg et d’autres völvas.
Dans plusieurs cas, les chansons spirituelles sont connectées avec la première rencontre faite avec des esprits qui se déroulent avant le début de l’initiation; il est fort probable que Thorbiorg ait eut une telle rencontre. Il y invariablement un moment où le chaman est capable de convoquer la présence des esprits par le biais d’une chanson, même s’il a fait des rencontres involontaires avec des esprits dans le passé. Le rôle de médiateur du chaman entre le peuple et le monde des esprits devait inclure l’éveil de la conscience des énergies spirituelles.
La divination aujourd’hui
Le don de divination transmis pas les völvas était mystérieux, magique et essentiel pour une compréhension des forces qui existent dans le monde.
Au sein de peuplades, comme celles des Européens indigènes, l’harmonisation parfaite aux nuances les plus subtiles de la nature, des récoltes, de l’accouchement, de la santé et de la guerre déterminait si la survie était possible ou non. Cette harmonisation était une question de vie ou de mort, ce avec quoi nous n’avons plus à nous soucier si directement, sur une base régulière, dans notre monde occidental et contemporain.
Les völvas représentaient Frigg et Freyja, déesses descendantes des Sœurs Wyrd, et les gens rendaient services et hommages à leurs pouvoirs fertiles.
Je crois qu’il existe une manière pour nous aider à comprendre pleinement comment Thorbiorg et ses semblables pouvaient envisager le « mode intuitif » et comment elles étaient capables « d’ingérer » des informations venues de « l’extérieur » : c’est la manière dont elles imaginaient les liens entre elles-mêmes et le reste du monde.
Elles autorisaient des informations, forces et influences « extérieures » à pénétrer à « l’intérieur » d’elles-mêmes, similairement à des mediums.
Mais lorsque les prophétesses racontent leurs voyages au monde des esprits afin d’y quérir des informations, il semble qu’elles sont sur le point de « sortir » de leur corps et de voyager à travers l’espace. Ceci est certainement une description de ces femmes qui, plusieurs centaines d’années après Thorbiorg, vivaient dans une Europe dominée par l’église chrétienne et de qui on disait qu’elles « voyageaient à travers le ciel sur des balais » alors que leur corps physique reposaient dans leur maison dans un sommeil si profond qu’elles semblaient en transe ou dans le coma.
La manière dont nous rencontrons cette idée réside dans la relation que nous avons avec les limites de notre « soi » et le monde autour de nous. Si vous y pensez pendant un moment, il y a à ce moment précis presque certainement quelqu’un quelque part dans le monde qui pense à vous. Maintenant! À cet instant précis, vous n’êtes pas seulement situé physiquement où vous vous trouvez alors que vous lisez ces mots mais vous êtes également quelque part ailleurs dans le monde – du moins en tant que présence psychologique.
Ce sentiment d’être une présence étendue peut aller plus loin. Les voyages chamanistes décrits par les sociétés tribales sont des voyages physiques, une sensation que le corps est réellement laissé derrière, le soi étendu rencontrant une autre dimension. La sensation de remplir plus d’espace que ce que notre corps physique remplit, la sensation d’expérimenter plutôt l’espace que notre corps psychologique remplit est peut-être une partie de ce que Thorbiorg ressentait, c’est une porte d’entrée à son monde, un petit pas hors des visions limitées du nôtre.
Le don de divination transmis pas les völvas était mystérieux, magique et essentiel pour une compréhension des forces qui existent dans le monde.
Au sein de peuplades, comme celles des Européens indigènes, l’harmonisation parfaite aux nuances les plus subtiles de la nature, des récoltes, de l’accouchement, de la santé et de la guerre déterminait si la survie était possible ou non. Cette harmonisation était une question de vie ou de mort, ce avec quoi nous n’avons plus à nous soucier si directement, sur une base régulière, dans notre monde occidental et contemporain.
Les völvas représentaient Frigg et Freyja, déesses descendantes des Sœurs Wyrd, et les gens rendaient services et hommages à leurs pouvoirs fertiles.
Je crois qu’il existe une manière pour nous aider à comprendre pleinement comment Thorbiorg et ses semblables pouvaient envisager le « mode intuitif » et comment elles étaient capables « d’ingérer » des informations venues de « l’extérieur » : c’est la manière dont elles imaginaient les liens entre elles-mêmes et le reste du monde.
Elles autorisaient des informations, forces et influences « extérieures » à pénétrer à « l’intérieur » d’elles-mêmes, similairement à des mediums.
Mais lorsque les prophétesses racontent leurs voyages au monde des esprits afin d’y quérir des informations, il semble qu’elles sont sur le point de « sortir » de leur corps et de voyager à travers l’espace. Ceci est certainement une description de ces femmes qui, plusieurs centaines d’années après Thorbiorg, vivaient dans une Europe dominée par l’église chrétienne et de qui on disait qu’elles « voyageaient à travers le ciel sur des balais » alors que leur corps physique reposaient dans leur maison dans un sommeil si profond qu’elles semblaient en transe ou dans le coma.
La manière dont nous rencontrons cette idée réside dans la relation que nous avons avec les limites de notre « soi » et le monde autour de nous. Si vous y pensez pendant un moment, il y a à ce moment précis presque certainement quelqu’un quelque part dans le monde qui pense à vous. Maintenant! À cet instant précis, vous n’êtes pas seulement situé physiquement où vous vous trouvez alors que vous lisez ces mots mais vous êtes également quelque part ailleurs dans le monde – du moins en tant que présence psychologique.
Ce sentiment d’être une présence étendue peut aller plus loin. Les voyages chamanistes décrits par les sociétés tribales sont des voyages physiques, une sensation que le corps est réellement laissé derrière, le soi étendu rencontrant une autre dimension. La sensation de remplir plus d’espace que ce que notre corps physique remplit, la sensation d’expérimenter plutôt l’espace que notre corps psychologique remplit est peut-être une partie de ce que Thorbiorg ressentait, c’est une porte d’entrée à son monde, un petit pas hors des visions limitées du nôtre.